En septembre dernier, à l’occasion de la neuvième conférence des Talents de la relation clients organisée par la Fondation Service Lab, intervenait Gilles Lipovetsky. Qu’est-ce qu’un professeur agrégé de philosophie venait  donc faire dans cette affaire… ?

Depuis son ouvrage L’ère du vide, publié en 1983, Gilles Lipovetsky s’est imposé comme un observateur incontournable de la société contemporaine. Son travail, à la frontière de la philosophie, de la sociologie et de l’histoire contemporaine s’intéresse de prêt à la société de consommation et à ses acteurs.

Individus “post-modernes”, “hypermodernité”, “homo consumericus” sont autant de concepts développés par Gilles Lipovetsky pour tenter de définir au mieux la société de consommation dans laquelle nous vivons et nous évoluons. 

Ainsi, en revendiquant de nous réaliser pleinement et de jouir d’une liberté immédiate et sans entrave, nous serions entrés dans une société “hypermoderne”. Une société dans laquelle la logique individualiste se radicalise et la consommation s’étend à l’ensemble du corps social : les vacances, la culture mais aussi la famille, les religions… L’individu veut désormais construite un capital plaisir au plus vite et consommer sa vie dans une temporalité où le toujours plus est devenu l’impératif fondamental. Nous sommes ainsi dans un présent tendu vers le futur immédiat de la rentabilité, un présent sous le signe de l’urgence, de la consommation frénétique. 

Mais tout cela nous rend-il heureux…?

C’est une question à laquelle Gilles Lipovetsky a également tenté de répondre dans son ouvrage Le bonheur paradoxal, essai sur la société d’hyper consommation. L’individu y est décrit comme un homo consumericus décalé, mobile, flexible, affranchi des cultures de classe, imprévisible, à l’affût d’expérience émotionnelle et pourtant confronté à un profond sentiment d’abandon et d’isolement. Le philosophe distingue cependant qu’un bonheur individuel semble plus atteignable qu’un bonheur collectif et que nos malheurs trouveraient leurs causes dans les excès de consommation plus que dans la consommation elle-même. Gilles Lipovetsky préconise  une écologie de l’existence c’est à dire de nouveaux modes d’éducation et de travail pour tenter de trouver des satisfactions ailleurs que dans la consommation. Toute une philosophie en somme !

Rendez-vous le 23 juin pour écouter Matthieu Ricard parler de La force de la bienveillance.