D’après une étude menée par Deloite en 2015, 70% des générations Y et Z (c’est à dire nés entre le début des années 1980 et la fin des années 1990) ne s’identifient pas au modèle traditionnel de l’entreprise et se verraient plutôt travailler à leur compte. Ils perçoivent les entreprises actuelles comme peu innovantes, trop centrées sur le profit à court terme et peu concernées par le développement personnel de leurs salariés.

En résulte des postures et des pratiques déstabilisantes pour les managers et les DRH issus des générations précédentes. 

Incapables de se concentrer, pas engagés dans leur travail, grandes gueules, croyant tout savoir sur tout… les clichés sur les digital natives ont la vie dure ! Certains parlent même de digital naïfs… mais ce fossé, qui pourrait sembler n’être que générationnel, demande quelques précisions…

En effet, les enfants du numérique ont grandi dans une société où la culture a été transformée par les spécificités de cette avancée technologique : on ne s’informe plus, on ne s’exprime plus, on ne raisonne plus de la même manière qu’auparavant et les technologies du numérique y sont pour beaucoup. En effet, les GPS ont remplacé les cartes routières, on n’ouvre plus un dictionnaire mais on va chercher sur Google ou dans Wikipédia, même l’orthographe a connu quelques arrangements depuis l’apparition des SMS… Il en découle que notre image du monde, nos relations sociales ne s’élaborent plus tout à fait pareil.

Fondatrice du cabinet de conseil The Boson Project, Emmanuelle Duez,  30 ans, va même plus loin : « la génération Y est la première génération mondiale, massive et globalisée, la première génération numérique aussi. Désormais, il y a plus de chances pour que deux jeunes aient plus de points communs même s’ils vivent à 5 000 km d’écart qu’un Y avec un baby boomer vivant dans la même rue que lui ». 

Précurseurs de ce nouveau monde, de ce monde à réinventer, les digital natives expérimentent (forcément) de nouveaux modèles, s’inventent une autre destinée. Une destiné où les systèmes de leadership, de management et d’organisation éclatent littéralement passant de la subordination à la collaboration. « Dès lors » explique Emmanuelle Duez « les jeunes veulent s’accomplir avant de réussir, aspirent à la flexibilité plus qu’à la sécurité, recherchent l’exemplarité avant le statutaire ».

On aurait pu penser qu’avec la génération Z, la transformation aurait posé le pied. Mais c’est tout l’inverse qui se produit. « En fait, » explique  Emmanuel Duez « les Z achèvent la transformation initiée par les Y. Désormais l’entreprise n’est plus au centre, c’est l’individu qui l’est ». Même l’école apparaît désormais comme superflue dans sa conception historique. D’autant plus superflue quand on sait que les membres de la génération Z exerceront en moyenne 13 métiers différents au cours de leur vie professionnelle et que la plupart de ces métiers  n’existent pas encore… 

Bref, le changement est en marche et cette fois, c’est à l’entreprise de s’adapter !